Poils ou pas poils, telle est la question !
Depuis que je suis toute petite, j’ai la hantise des poils, pourtant je suis blonde et mon système pileux très peu développé.
Je me souviens encore, quand j’avais peut-être 8 ans, avoir vu en vacances, des femmes en débardeur avec des poils qui dépassent de l’aisselle, je trouvais cela dégoûtant, répugnant, sale … bref beurk !
Je ne comprenais pas pourquoi les poils ne me plaisaient pas, mais je savais qu’il fallait les éliminer à tout pris, les éradiquer coûte que coûte, souffrir pour être belle et aimer.
Après tout, ce n’était pas moi qui le disais, mais tout le monde, les magazines de beauté, les affiches dans le métro, la télé et même les pubs des yaourts.
Comme beaucoup, j’ai donc grandi dans ce monde qui nous dit que poils = pas bien.
Mais au fait, pourquoi ?
Oui, pourquoi les poils seraient-ils le diable ?
Pourquoi cela nous hérisse les poils ?
Sur les hommes, on ne trouve pas que cela soit un problème, pas un souci d’hygiène non plus.
En fait, les poils pubiens sont même une barrière naturelle contre les risques d’infections, donc plutôt utile.
Et puis se raser, s’épiler, c’est source d’irritations, de ces chers petits boutons rouges que nous avons tous eus au moins une fois ( allez avoué que vous aussi, il n’y a pas de honte), de poils incarnés et autres joyeusetés.
C’est fou. On a fini par se laisser toutes convaincre que quelque chose de sain et de naturel était honteux et anti-féminin.
Je ne jetterais pas la pierre, je continue de me raser et d’épier le moindre poil qui oserait se pointer là où je ne veux pas, oui je suis humaine, donc parfois faible.
Toutefois, j’admire toutes ces femmes qui assument leurs corps, leurs poils, leurs féminités et leurs séductions avec ou sans poils.
Rendez-vous compte que les pubs de rasoir, donc un objet dont la seule utilité est d’enlever des poils, ne montrent que des corps lisses et sans poils, donc qui n’ont plus ou pas besoin de rasoir.
La marque Billie a été la première, en 2018, à faire une campagne pour ses rasoirs qui montrent des poils. Plus, à affirmer que nous avions des poils et le choix (enfin, merci) de les quitter ou de les garder. Woooh, une révolution.
Le poil « tabou » commence pourtant depuis quelques années à avoir des amies, on a même vu une tendance avec des femmes (dont Madonna) qui se sont amusées non seulement à garder des poils sous les bras, mais aussi à les teindre, les mettre en valeur, leur donner le droit d’exister et de se faire une beauté.
Il existe même un hashtag #armpit
Malgré toutes ces petites révolutions pour les femmes puissent reconquérir le droit d’être elle même, les critiques et l’incompréhension et encore bien présente.
Comme quand Juliette a partagé hier une photo d’elle avec une aisselle un peu poilue a provoqué une tempête avec pas loin de 1,8k commentaires sur son Facebook et 101K likes sur son Instagram.
Outre les tonnes de messages d’applaudissement, elle a aussi eu droit à de très élégants commentaires avec des « beurk », des smileys verts et vomissant, des remarques sur le côté « négliger même si elle est belle par ailleurs ».
Ce n’est pas la première fois que je constate ce genre de réactions.
Marie Boiseau, illustratrice de talent, fait des dessins touchants de femme ronde.
Combien de fois on m’a dit :
« Euh, mais les traits là sur les jambes, ce sont des poils ????«
Ben oui, ce sont des poils ! Et alors ?
Vous savez quoi, même si cette tendance ne caresse pas dans le sens du poil, on va en voir de plus en plus … des poils.
Cet été, j’ai commencé à voir des jeunes filles jambes nues au naturel, tout à fait à l’aise, se fichant des personnes que cela pouvait mettre de mauvais poil, purée ça fait du bien en fait !
Cette reprise de contrôle de son corps, de ses poils, de sa liberté et de son image commence tout doucement à rentrer dans les esprits.
Alors oui, poils ou pas poils, pas la peine de couper les cheveux en quatre, je sais cela semble une question dérisoire, un combat inutile et sans grand intérêt.
Pourtant, derrière cette histoire capillaire, se cache en fait bien plus qu’une simple question esthétique, c’est toute l’histoire du contrôle de la femme en tant qu’objet sexuel qui se trouve cristallisé dans ces quelques brins.
Vous ne le saviez pas, mais c’est l’industrie des films pornographiques qui a sans doute la plus grande part dans la propagation de cette mode du sans poils.
Dans les années 70, les poils n’étaient pas honteux, ils n’étaient pas un souci.
Pensez-y, la plupart du temps, pour qui prenez-vous le temps de vous faire épiler le maillot ?
La pression anti-poils va tellement loin, que dans des pays comme le Japon, même les bras n’ont plus droit à leur petit duvet naturel. Les femmes doivent tout enlever quand les hommes eux peuvent garder leurs toisons.
On est en plein dans un univers sexiste et nous n’avons même plus le recul pour le réaliser.
Alors Mesdames, il est peut-être temps de reprendre ce fameux poil de la bête, et quand le moment viendra de ressortir de sous les gros pulls, peut-être, je dis bien peut-être, accepter enfin de laisser chacun libre de ces choix, et gagner du temps en laisser un peu plus nos poils tranquilles.